dimanche, novembre 19, 2006

La Chine : joueur fondamental pour le salut du Darfour.

La crise au Soudan a fait plus de 200 000 morts en près de 3 ans d’affrontements dans l’ouest du pays, en plus de 2,5 millions de déplacés. Si l’ensemble de la communauté internationale s’entend sur la gravité de la situation, le Conseil de sécurité de l’ONU n’est toujours pas arrivé à adopter un plan d’intervention pour mettre fin aux hostilités. C’est que la Chine, membre permanent du Conseil et pays influent en Afrique, tarde à jouer son rôle de grande puissance.


(QC) – La Chine est omniprésente en Afrique. Le continent noir accueille maintenant 130 000 ressortissants chinois et jouit d’une économie bilatérale de 50 milliards de dollars. Contrairement à ses homologues occidentaux et au Fond mondial international (FMI), la nouvelle puissance économique n’exige aucune mesure sociale aux pays avec lesquels elle traite.

Lors d’un récent forum à Pékin au début novembre, entre le président Hu Jintao et 48 dirigeants africains, le dragon a promis de doubler son aide humanitaire en trois ans. Cet apport de 100 milliards de dollars se destine autant aux dictatures qu’aux gouvernements démocratiques. La Chine refuse de lier économie et bonne gouvernance.

Uniquement au Soudan, les investissements des compagnies chinoises représentent 7 milliards de dollars, selon le quotidien français Le Figaro. Presque la totalité de la production pétrolière du pays est exportée en Chine et la société d’État China National Petroleum Corp possède 40 % du consortium pétrolier soudanais.

Pas étonnant, compte tenu du lien important qui unit les deux pays, que la Chine conserve l’ambiguïté sur sa position dans le conflit au Darfour, à l’ouest du Soudan. Le 31 août dernier, elle s’est abstenue de voter une résolution de l’ONU qui devait permettre l’envoi de 20 000 soldats et policiers au Darfour pour soutenir la force de l’Union africaine déjà en place. Pékin s’est contenté de souhaiter la fin du conflit.

Si la Chine convoite réellement un rôle plus important dans la politique internationale, telle que l’a déclaré le président Hu Jintao lors du dernier sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) en 2005, elle devra prendre ses responsabilités vis-à-vis de l’Afrique. Sinon, elle risque bien d’être accusée d’avoir fermé les yeux sur un génocide, position peu enviable pour un pays en émergence.

Pékin possède tous les éléments pour jouer un rôle dominant au Darfour. Grâce à ses liens avec le président soudanais Omar El-Béchir, la Chine est la candidate idéale au titre de négociateur pour que Khartoum accepte l’envoi de Casques bleus dans la région.

La communauté internationale ne peut envoyer au Darfour les 17 300 soldats prévus par la résolution 1706 de l’ONU sans l’accord du gouvernement soudanais. Elle est en quelque sorte dépendante de l’influence de Pékin pour acheminer l’aide nécessaire aux troupes de l’Union africaine, qui peinent à contenir la situation qui s’étend maintenant au Tchad et à la Centrafrique.

Reste à voir si la Chine acceptera de prendre ses responsabilités de grande puissance, ou si elle continuera de se contenter de développer son influence économique au détriment du politique.

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