jeudi, décembre 07, 2006

Périple à la Place Laurier

Aujourd’hui, j’ai quitté mes livres, mon ordinateur et ma map monde pour aller faire un tour dans le vrai monde tant chéri de Mario Dumont et de CHOI FM avant que la station ne perde de son mordant (merci JT). Bâtard, ça fait déjà plus de 3 mois que je vis à Québec et je commence à peine à me pointer le bout du nez ailleurs que dans l’axe maison-université.

Quoi de mieux qu’une visite au complexe de centres d’achats Place Ste-Foy, Place de la Cité et Place Laurier pour palper l’ambiance des fêtes chez ce sympathique groupe de villageois. (D’accord, ce terme pourrait être considéré comme insultant pour ceux qui habitent Québec. Bordel, assumez-vous, vous êtes des villageois !)

Étrangement, je ne suis pas agressée par une musique mille fois entendue de Noël. Les propriétaires de centre commercial auraient-ils enfin compris que si leurs employés n’arrivent plus à tolérer ces «chants mélodieux», c’est le cas aussi pour une bonne partie de sa clientèle ?! Il y a de l’espoir sur cette terre, dites-le vite à Jean Lemire !

Je vous épargne mon examen de la vue chez Greich et Scraf, raison initiale de ma visite au royaume de l’achat. Juste vous annoncer que finalement, je ne voyais vraiment rien !!

Québec est un village parce que les gens sont trop gentils. Ils veulent trop être utiles et je connais le principe, je l’adopte tous les jours et je peux vous assurer que ça ne fonctionne pas !!! D’abord ce vendeur de produits de coiffure. L’homme m’explique que les produits que j’utilise depuis maintenant 4 ans seront bientôt discontinués, faute d’inscription en français sur les bouteilles. Tranquillement, il me montre plusieurs autres que je pourrais prendre pour mon type de cheveux. Après le 4e tour du magasin, je commence un peu à m’impatienter. Sans vouloir être impolie, je lui signifie que mon choix est fait et que je ne tiens pas à connaître l’ensemble de son inventaire. Merde, il a même sorti un diffuseur de sa boîte scellée pour me montrer comment je dois le faire tourner dans mes cheveux !

« Je voulais seulement être gentil. Je ne suis pas toujours aussi gentil, mais là je voulais l’être avec vous», me dit-il d’un ton légèrement accusateur. N’eut été de mon estomac qui criait famine, je crois que je l’aurais laissé continuer par remord.


Resto

Il faut que je vous explique. C’est une tradition de jeunesse, quand ma famille et moi venions à Québec, un rituel s’était installé. Il était impératif d’aller manger : 1- Un Tom Pouce chez Marie-Antoinette 2- Une crêpe bretonne au Petit Coin Breton. C’est donc par souci des traditions que j’ai décidé d’aller manger une crêpe Quimper et une soupe à l’oignon.

Bon dieu, mon parcours universitaire me rend hautaine ! Premier commentaire en arrivant au resto = c’est définitivement quétaine cette place ! La suite me le confirmera un peu. Une dame costumée m’assigne une place et je sens dans sa façon de me parler un respect auquel je suis très peu habituée. Dans ma tête, je suis encore une ado, pas quelqu’un à qui l’on donne de l’importance !
Je ne me souviens pas précisément comment la conversation a dérivé vers les chats, mais n’empêche qu’en moins de 5 minutes, la serveuse de la section adjacente à la mienne me racontait toutes les petites manies de son chat. Ça finissait plus !!! Comment il reconnaît le poulet dans le frigo, même s’il est dans un plat Tupperware, comment il exige que tout soit à sa place, comment il cache des épingles sous le tapis, comment il a reconnu son ami latino qui n’était pas venu depuis 5 ans… et j’en passe.

Après une dizaine de minutes, ma serveuse est venue prendre ma commande. J’ai pour un moment cru qu’elle venait me sauver de ce moulin à parole. Non ! Aussitôt les formalités terminées, elle revient à la charge : « J’ai oublié de te dire, mon chat reconnaît aussi la nourriture qui n’est plus bonne. L’autre jour, j’avais un doute sur du poulet. Et bien, il n’en a pas touché un morceau…» Pas moyen de lire Ginneken en paix !

Tout était étrange dans ce resto, pas seulement le fait d’être servi par Moman de chez Rapido (une inside de Platopithèque) en costume traditionnel breton, mais la clientèle aussi. Je suis convaincue que l’homme qui grondait sa fille de 4 ans, c’était un psy. Non mais ! L’enfant, visiblement inconfortable, était assise dans une chaise haute. Même la serveuse au chat a fait la remarque à l’homme qui pour seule réponse disait : « C’est elle qui veut ça ». Ben oui, pis c’est pour ça qu’elle se tortille de la sorte. J’avais le goût de ne pas me mêler de mes affaires ! Après tout, ma lecture de Ginneken se trouvait une fois de plus interrompue. « Si t’es pas fine avec Maman, tu n’auras pas d’œuf ce soir, pas de cadeau. » Depuis quand on élève les enfants avec le retrait d’un cadeau, qu’elle aura probablement de toute façon, et non avec le système punition et récompense uniquement en cas d’extrême surpassement de soi ? Je ne suis pas née à la bonne époque !

Derrière le couple à l’enfant, dont la mère n’a pas dit un mot de tout le repas, un avocat et sa femme et/ou maîtresse. Avez-vous déjà croisé un homme dans la cinquantaine, en complet, avec les cheveux verts comme Bibi de Bibi et Geneviève ? Comment s’intéresser à Ginneken après ça!

Exit le resto, après une vingtaine de minutes d’attente. J’avais pourtant dit à la dame lorsqu’elle est venue chercher ma tasse à expresso vide que je prendrais la facture… À la recherche d’un billet d’autobus.

On me dit que c’est au Métro que je peux les trouver. Je crois en chemin une épicerie Aliments de santé Laurier. Le royaume de ce que surnomme Les Zapartistes la livre de brun à 10$. Rien à voir avec vos produits bio ou maison traditionnelles, c’est le Club Price du bio et du santé ! S’il faut avouer que c’est le seul endroit où j’ai trouvé certains trucs que j’affectionne, j’ai été dégoûtée par cette utilisation commerciale de l’aliment dit bon. Montignac, sans gluten, kamus, etc… Les légumes sans emballage à l’unité : excellent. Les pâtes en vrac (épinard, légume, blé entier) : good. La musique, les chandelles et la crème hydratante à 30 dollars le pot de la grosseur de mon pouce : c’est de l’arnaque ! Pis les madames de Sainte-Foy avaient l’air bien contente ! Dire qu’on accuse les Platopithèques avec leurs produits bios. Au moins nous, on sait quand on se fait fourrer ! C’était l’épisode des Bougons en live.

Dans une allée, alors que je comparais les sortes de café dont je n’ai jamais entendu parler, j’entends au loin, au fond du magasin : « Vous êtes sûre que vous n’êtes pas Marie-France Bazzo? Je ne l’ai jamais vu, mais vous lui ressemblez beaucoup je crois, même grosse tête.» Et la dame poursuit une conversation avec l’autre dame qu’elle prenait pour Bazzo sur les sujets les plus diverses…

C’est promis, je ne quitte plus jamais mes livres des yeux et je me contente maintenant de faire le chemin maison-université. Ils sont trop bizarres les gens ici. Tenez, sur le chemin du retour, une dame âgée m’a offert de m’asseoir à sa place. ?!?!? À Montréal, ce genre d’attention n’est même pas offert aux femmes enceintes !

Mon correcteur Antidote me dit que le mot expresso est un québécisme pour café express. Attendez, nous ne sommes pas les seuls à utiliser ce terme non ? C’est pas universel un expresso?

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Hallo,

Ce texte est savoureux.......

J'ai rie de bon coeur.....

Avoue que Québec restera toujours Québec et qu'il a une place privilégiée dans notre coeur..........

Bye Cloxxx

Anonyme a dit...

Quelle journaliste, je m'amuse à te lire et à te découvrir dans tes commentaires sur les gens qui t'entourent, c'est rafraichissant comme lecture.
À quand, une page quotidienne dans le journal pour faire rire et sourire la populace.

Continue dans le même sens, c'est Extra Ordinaire de te lire.

Bye Pierre

Anonyme a dit...

BON DEPART